Neuchâtel 2019

Congrès de la Société Suisse de Sociologie 2019:

Thème: Le futur du travail

Date: 10-12 september 2019

Lieu: Université de Neuchâtel

Guest Speaker:

» David Brady
» Craig Calhoun
» Noortje Marres
» Dominique Méda
» Heike Solga

PROGRAMME DU CONGRÈS

Pour la plupart d’entre nous, le travail est la principale source de revenu et de statut. Notre travail définit qui nous sommes pour nous-mêmes et pour les autres. Mais le monde du travail est en pleine transformation et ses formes nouvelles soulèvent de nombreuses questions d’ordre social et politique.

Depuis les années 1970, le secteur des services emploie une part plus importante de la main d’oeuvre que le secteur manufacturier dans les économies avancées. Parallèlement, le nombre de femmes dans la population active a augmenté de façon spectaculaire, mais les inégalités de genre persistent en ce qui concerne l’embauche, la rémunération, les promotions et le traitement subi sur le lieu de travail. D’autre part, les avancées technologiques, notamment dans le secteur des technologies de l’information et dans les biosciences, remodèlent les activités productives et la demande de compétences sur le marché du travail. Le capital-risque, les start-ups et les plateformes en ligne représentent de plus en plus le moteur de l’activité économique et de l’innovation.

Ce contexte crée de nouvelles opportunités pour les entrepreneurs et les professionnels créatifs, qui bénéficient d’horaires flexibles et d’une mobilité accrue. L’innovation technologique permet aussi aux travailleurs non-qualifiés d’avoir accès à d’autres sources de revenu, telle que Uber. Mais la robotisation et l’automatisation, associées à la mondialisation économique, entraînent la disparition progressive des emplois traditionnels de la classe ouvrière dans les pays riches. De plus, la stabilité de l’emploi est compromise par la financiarisation de l’économie, qui a également un impact sur les inégalités sociales. L’emploi dit atypique (non-standard), qui englobe les contrats de travail précaire, le travail à temps partiel non-voulu et l’intérim, a remplacé dans de nombreux secteurs les emplois bien rémunérés, stables et de longue durée. Dans le sillage de la révolution numérique, la frontière même entre travail et loisir devient parfois floue.

Ces changements ont un impact sur toutes les formes d’organisation sociale, des familles et ménages aux quartiers et villes, réseaux locaux et transnationaux, mouvements sociaux et ONGs, hôpitaux et autres prestataires de soins, administrations publiques et systèmes politiques. Pour les sciences sociales, il s’agit de faire sens des transformations en cours. Comment les exigences de mobilité géographique et de disponibilité permanente de travailleurs qualifiés affectent-elles la vie de famille et de couple? L’incertitude quant à l’emploi et le revenu perturbe-t-elle les stratégies traditionnelles de formation et de reproduction des ménages? Quels problèmes de santé physique et mentale résultent de la précarité ? Et quelles compétences les écoles devraient-elles enseigner pour former la prochaine génération de travailleurs? Par exemple, l’utilisation de technologies digitales dans l’éducation primaire devrait-elle être une priorité? 

Ces questions s’avèrent d’autant plus urgentes que les décideurs politiques semblent mal équipés pour faire face aux défis de société découlant de la transformation du monde du travail. En effet, l’expansion du travail atypique soulève de nouveaux problèmes réglementaires concernant les droits des travailleurs, les obligations des employeurs et le rôle de l’État. Par ailleurs, des segments importants de la population active n’ont plus d’ancrage territorial (par exemple, avec le télétravail) et échappent de ce fait aux réglementations nationales. Les systèmes de protection sociale doivent également s’adapter pour protéger les groupes vulnérables, tels que les personnes handicapées, les personnes âgées et les personnes sous-employées. Enfin, des mesures pour préserver des postes de travail dans le secteur manufacturier, tels que les barrières protectionnistes imposées par Donald Trump, créent des tensions géopolitiques dans un monde où les États-nations voient leur pouvoir s’affaiblir au profit des multinationales.

En choisissant « L’avenir du travail » pour thème de son prochain congrès, la Société Suisse de Sociologie invite ainsi la communauté universitaire helvétique et internationale à réfléchir aux changements qui affectent non seulement le monde du travail et la sphère économique mais la société dans son ensemble. En tant que discipline, la sociologie dispose d’une vaste gamme d’outils interprétatifs et méthodologiques, et elle a la vocation à développer de nouveaux concepts, perspectives, mesures et indicateurs pour mieux saisir les réalités changeantes du monde du travail. Sa capacité à relever ce défi définira la place des sociologues et de leur travail dans le monde de demain.

David Brady, University of California at Riverside

David Brady is Professor of Public Policy and Director of the Blum Initiative on Global and Regional Poverty at UC Riverside. He is also a Fellow at the WZB Berlin Social Science Center. He received his Ph.D. in Sociology and Public Affairs from Indiana University, and his B.A. in Sociology from the University of Minnesota. His articles have won awards from the American Sociological Association, The Society for the Study of Economic Inequality, the Foundation for International Studies on Social Security, and the European Academy of Sociology. He is the author of Rich Democracies, Poor People and co-editor of The Oxford Handbook of the Social Science of Poverty. His research currently focuses on (1) the measurement and causes of poverty; (2) comparative social policy; (3) the effects of very long term economic resources for racial and health inequalities; and (4) the political consequences of rising immigration and racial/ethnic heterogeneity.

Craig Calhoun, Arizona State University and London School of Economics

Craig Calhoun is University Professor of Social Sciences at Arizona State University. Previously, he was Director of the London School of Economics and Political Science (LSE), President of the Social Science Research Council (SSRC), and a professor at NYU (where he founded the Institute for Public Knowledge), Columbia, and UNC-Chapel Hill (where he founded the University Center for International Studies and served as Dean). He is also President of the International Institute of Sociology and was the first President of the Berggruen Institute. Calhoun’s books include Roots of Radicalism, Critical Social Theory, and Does Capitalism Have a Future? (with Immanuel Wallerstein, Randall Collins, Georgi Derluguian, and Michael Mann). The Degeneration of Democracy (with Charles Taylor and Dilip Gaonkar) will be published by Harvard University Press in 2020. Why Sociology Matters will be published by Polity in 2020. More detail can be found at https://spgs.clas. asu.edu/content/craig-calhoun.

Noortje Marres, University of Warwick

Professor Noortje Marres is Director of the Centre for Interdisciplinary Methodologies at the University of Warwick. She is an interdisciplinary sociologist who investigates issues at the intersection of innovation, everyday environments and public life: participation in technological societies; societal testing of intelligent technology; the changing relations between social life and social science in a digital age. Noortje also contributes to methodology development, in the area of issue mapping (www.issuemapping.net). She studied sociology and philosophy of science and technology at the University of Amsterdam and is currently a Visiting Professor in the Centre for Science and Technology Studies at the University of Leiden (the Netherlands). Her first book, Material Participation (Palgrave) came out in paperback in 2015 and her second, Digital Sociology (Polity) was published in 2017. Together with Michael Guggenheim and Alex Wilkie, she edited Inventing the Social (Mattering Press, 2018). More info at www.noortjemarres.net.

Dominique Méda, Université Paris II Dauphine

Dominique Méda is Professor of Sociology at the Université Paris Dauphine/PSL and Director of the Institut de Recherche Interdisciplinaire en Sciences Sociales (IRISSO). She also holds the chair « Reconversion écologique, Travail, Emploi, Politiques sociales » at the Collège d’Etudes Mondiales (FMSH). An alumn of the Ecole Normale Supérieure and the Ecole Nationale d’Administration, she holds an agrégation in philosophy. Dominique Méda specializes in labor issues and social policies. She has published or co-published several volumes on (1) the transformation of work—Le Travail. Une valeur en voie de disparition (1995) and Réinventer le Travail with Patricia Vendramin (2013)—(2) growth and wealth indicators—Qu’est-ce que la richesse ? (1998), La Mystique de la croissance. Comment s’en libérer (2013) and Vers une société post-croissance with Florence Jany-Catrice (2016)—and (3) gender equality—Le Temps des femmes. Pour un nouveau partage des rôles (2001) and Le deuxième âge de l’émancipation with Hélène Périvier (2007).

Heike Solga, Berlin Social Science Center (WZB)

Heike Solga is director of the research department “Skill Formation and Labor market” at the WZB – Berlin Social Science Center and professor for sociology at the Freie Universität Berlin. Her research interests are sociology of education, labor market research, and life course research. She is involved in the German National Education Panel Study (NEPS). She was co-editor of the Kölner Zeitschrift für Soziologie und Sozialpsychologie (2005-2014). She has published numerous peer-reviewed journal articles and several books, among them are: Skill Formation – Interdisciplinary and Cross- National Perspectives” (Cambridge University Press, 2008, edited together with Karl Ulrich Mayer), School-to-Work Transitions across Time and Place: Patterns, Socioeconomic Achievement, and Parenthood (Special Issue “Research in Social Stratification and Mobility”, 2016, edited together with Marlis Buchmann) or “Education as social policy: Institutions, public support and outcomes over the life course” (Special Issue “Journal of European Social Policy”, 2017, together with Valentina Di Stasio).

Le Book of Abstracts est disponible ici.

Panel Discussion with Craig Calhoun and Noortje Marrens on the Future Sociology

Vous pouvez accéder à l’enregistrement ici.